ET C'EST PARTI !!!

Publié le par Giovanni Andy

Politiques
Grève: un «succès» pour les syndicats, le gouvernement «serein»
Vers un vendredi noir ? L'exécutif affiche la sérénité après une journée de grève très suivie dans les transports. Mais le mouvement est reconduit demain à la SNCF et, à la RATP, une décision sera prise demain sur les suites à donner à la mobilisation.
Arnaud Vaulerin avec Reuters et source AFP
LIBERATION.FR : jeudi 18 octobre 2007
      
 
  Des grèves très suivies, des manifestations modestes mais nombreuses dans toute la France et des menaces de poursuite du conflit demain: c’est un premier mouvement social d’ampleur qu’ont affronté aujourd'hui le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy et son Premier ministre François Fillon.

«Ma porte est ouverte»

Toute la journée, l’exécutif a affiché la sérénité, insistant à la fois sur sa détermination et sa volonté de poursuivre le dialogue avec les syndicats. La réforme se fera, mais «on est là pour écouter, derrière la grève, les craintes et les inquiétudes qui s’expriment, et essayer d’y répondre», a indiqué le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, dans la matinée. Si le gouvernement entend rester ferme sur l’augmentation de la durée de cotisations, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a tenu à rappeler jeudi que les autres aspects, notamment la pénibilité, restaient négociables. Il a indiqué qu’il recevrait les syndicats la semaine prochaine. «Certaines organisations m’ont déjà transmis des documents détaillés avec des propositions, je peux vous dire que je les étudie complètement d’ici le prochain rendez-vous», a expliqué le ministre. «J’ai dit que j’attendais des propositions et des remarques», a-t-il insisté. «Je suis toujours dans cette logique là: quand je dis que ma porte est ouverte, ce n’est pas une formule».

25.000 personnes à Paris selon la CGT

Avant la fin de la journée de mobilisation et de la manifestation parisienne qui aurait rassemblé 25.000 personnes selon la CGT, la gauche et les syndicats se sont félicités du succès de la grève.

«Le mouvement est fort, avec un très fort taux de grévistes, le gouvernement doit maintenant en tenir compte, je sens sur le terrain que la grogne monte», a jugé le secrétaire général du syndicat Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly. «J’espère que Xavier Bertrand aura quelque chose à annoncer», a-t-il ajouté.

A la CGT, majoritaire chez les cheminots, Bernard Thibault a souhaité que le gouvernement ait «compris le message» et que la prochaine rencontre avec le ministre du Travail soit «un rendez-vous conçu avec de réelles marges de négociation et non un rendez-vous destiné à nous réexpliquer une réforme avec laquelle nous sommes en désaccord». Annick Coupé du syndicat Solidaires a qualifié la grève des cheminots de «mouvement historique» et souhaité des «suites à cette mobilisation».

«Premier avertissement réussi»

Du côté des partis politiques, le Parti socialiste a assuré être «favorable à l’évolution des régimes spéciaux» de retraite mais a reproché au gouvernement de «stigmatiser» certains salariés. Estimant que la grève a pris «une dimension exceptionnelle» et exprimé un «refus massif de la casse des retraites», le Parti Communiste a recommandé au gouvernement de ne pas «s’entêter».

Pour les Verts (écologistes), la grève «témoigne d’un refus de la remise en cause d’un modèle social qui touche l’ensemble des Français», alors que les acquis sociaux «sont mis à mal sous les coups de boutoir du néolibéralisme du président et de son gouvernement».

Le porte-parole de la LCR Olivier Besancenot a estimé que le mouvement de grève était «un premier avertissement réussi». «Le gouvernement vient déjà de perdre la première manche puisqu’il voulait que les cheminots soient divisés», a déclaré Besancenot sur Canal +. Pour gagner «la deuxième manche», il faudrait réussir à reconduire la grève «au moins pour demain» vendredi.

Grève reconduite à la SNCF

C’est ce qui se profile au moins à la SNCF. Les assemblées générales de cheminots reconduisent la grève pour vendredi «à 95%», notamment dans toutes les gares parisiennes ainsi qu’à Lyon et Marseille, a annoncé Christian Mahieux, responsable de SUD Rail, organisation qui, avec FO et la FGAAC (conducteurs autonomes), a appelé dès le début à une grève reconductible, contrairement à la CGT cheminots.

A la RATP, les syndicats se réuniront vendredi pour décider des «suites» à donner à la mobilisation. Jeudi, la régie a comptabilisé au moins 59% de grévistes. La mobilisation à l’appel des huit syndicats de l’entreprise «est évaluée équivalente ou supérieure à celle de 2003 à la RATP», a déclaré Jacques Eliez, secrétaire de l’union syndicale CGT-RATP.

L’automne 1995 à  l'esprit

Le mouvement peut-il durer et essaimer ? Le précédent de l’automne 1995 est dans toutes les têtes. Il y a douze ans, sur le même sujet et dans une période semblable - premier automne après une présidentielle - le couple Chirac-Juppé avait été contraint de reculer après des semaines de blocage du pays.

Le président Nicolas Sarkozy, qui ne s’est pas exprimé jeudi sur le sujet, paraît croire que l’épisode ne se répétera pas. Il estime qu’une majorité de Français souscrivent à sa volonté d’aligner les durées de cotisation. Deux sondages ont donné des résultats contradictoires cette semaine, selon la manière dont la question était posée. Pour Ifop-Metro, 61% des Français jugent la grève «pas justifiée». Mais à en croire CSA-L’Humanité, 54% soutiennent le mouvement ou éprouvent de la sympathie à son égard.

Fillon pourrait s’exprimer demain

Le Premier ministre, François Fillon, devrait quant à lui attendre demain pour réagir, a-t-on appris dans son entourage. Mais les déclarations du duo exécutif ces derniers jours ne laissent pas de place au doute. A ce stade du conflit, l’Elysée comme Matignon continuent de proclamer que la réforme des régimes spéciaux ira à son terme.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article